Les textes inspirants des membres du réseau :

15/10/2023 - Patrick Viveret

Note sur le rôle des Dialogues en humanité.

Les Dialogues en humanite sont nés il y a vingt ans dans le contexte des “ Dialogues pour la Terre” initiés par M Gorbatchev et la préparation du second sommet de la Terre de Johannesburg en posant comme hypothèse que la guerre que l'humanité faisait à la Nature était une conséquence de la guerre qu'elle se faisait à elle même. Il s'agissait donc, au delà du rapport à la Terre, de poser ce que nous avons appelé “la question humaine”. Il ne suffisait pas, disions nous a l'origine de ce que nous avons appelé des “Dialogues en humanité”, de placer l'humain au centre puisqu'il existe aussi un pire de l'humanité tout autant qu'un meilleur possible. Les deux pfh (le putain de facteur humain et le précieux) expriment de manière humoristique et simplifiée ce principe. De même le fait d'avoir été victime (de domination, de colonisation, d'exploitation, voire de d'esclavage ou d'extermination) ne garantit pas de ne pas devenir bourreau et n'ouvre pas de droits d'exercer à son tour de nouvelles formes de domination.

Pour ces raisons le réseau international des DIalogues en humanité a toujours été proche de tous les mouvements qui œuvrent pour une humanité plus humaine (très humaine et non “transhumaine ” ou post-humaine) face à toutes les formes de domination et d'exploitation inhumaines du local au global et de l'intime au planétaire : proposition de l'axe TPTS (transformation personnelle et transformation sociale) lors des forums sociaux mondiaux, soutien à l'altermondialisme, à un humanisme revisité par le convivialisme, à l'écologie démocratique, au féminisme et à toutes formes d'émancipation mais en étant vigilants à l'égard des nouvelles formes de domination et de violence générées par la recherche de revanche, voire de vengeance.

Afin de tirer l'humanité vers sa face la plus positive tout en étant lucide sur sa face la plus négative, les Dialogues en humanité privilégient le dialogue que ce soit avec autrui, avec la Nature ou avec soi même. Cela a conduit le réseau à privilégier des formes tels que les échanges sous les arbres, les ateliers du sensible, les constructions de désaccords, la capacité à transformer des violences et des guerres en conflits non meurtriers. (Ce qui conduit à sortir de la posture des ennemis que l'on cherche à exterminer pour faire d'avenir celle d'adversaires dont on combat les rôles sociaux mais que que l'on respecte comme êtres humains).

Les Dialogues en humanité œuvrent avec ambition, humour et humilité à ce que nous appelons des projets “megalodestes” tels l'émergence d'un “archipel citoyen planétaire“* pouvant prendre la forme d'une “Republique terrienne” dans laquelle une humanité plus humaine organiserait le “buen vivir” de ses membres et son rapport aux autres êtres vivants sur sa magnifique planète préservée.

Les Dialogues en humanité, aussi modestes soient ils, et nés à Lyon au début du 21 elle siècle, contribuent ainsi à constituer un réseau mondial ouvert à tous les sexes, races , croyances, nations, langues et qui œuvrent pour la préservation d'une Terre habitable (enjeux écologiques) et d'une humanite plus humaine (enjeux societaux ). À ce titre nous accordons une attention particulière aux personnes, aux cultures et aux pays dominés dans le monde entier mais sans prétendre absolutiser leurs causes et en faire les vecteurs de nouvelles formes de domination.

Les Dialogues en humanite se veut des lors un réseau de tissage, de service et d'exploration des formes les meilleures du bien vivre sociétal et personnel et cherche à mettre en lien toute initiative, mouvement, organisation, institution œuvrant dans le sens les valeurs précitées et mettant en œuvre effective, comme des droits opposables, les principes de la Déclaration universelle des Droits humains.

Dans une situation marquée par les conséquences dévastatrices de l'irresponsabilité écologique et des postures de haine et de violences, les Dialogues en humanite sont particulièrement sensibles aux risques de régression des collectifs humains vers des formes brutales voire barbares. Les formes brutales (que l'on peut regrouper sous le terme de “brutalisme” ) concernent aussi bien le rapport à la Nature et au Vivant (effet du productivisme), la chosification de la nature et des humains eux mêmes par la déification de l'argent et le creusement des inégalités (hypercapitalisme), la justification des formes de domination et de violence pour des raisons sexuelles, raciales, religieuses, politiques tels les totalitarismes, les régimes autoritaires, les théocraties, les impérialismes, les colonialismes, les suprematismes, ou toute autre forme justifiant l'extermination, l'oppression, l'exploitation, la domination d'autrui. *Archipel au sens du poète antillais Édouard Glissant
tel que proposeé par l'écrivain camerounais Achille Membe et repris et développé par Julie Chabaud et Patrick Viveret dans leur livre ” la Traversée”)

Dans les circonstances dramatiques actuelles les DH œuvreront en particulier à tisser des liens pour mettre en œuvre le projet “oui à la Vie et à l'humanité, non à la barbarie!” à travers le projet des “places d'humanité” résumé dans le texte ci dessous .


Texte du projet “pour des places de l'humanité”

Depuis si longtemps la « communauté internationale » a détourné les yeux de l’escalade de la violence en Palestine et dans tant d’autres pays du monde. Face au terrorisme barbare du Hamas contre des civils israéliens et face aux autres barbaries dans le monde, il nous semble urgent d’affirmer ensemble notre désir d’humanité. De même nous refusons la punition collective des gazaouis, le blocus de Gaza et peut être demain le massacre de civils palestiniens. Face à la montée de la barbarie en Ukraine, en Iran, contre les ouighours et les kurdes, contre la négation du peuple arménien et tant de peuples opprimés dans le monde, il nous semble urgent de dépasser nos affiliations politiques, religieuses, culturelles, et de créer un espace de partage et d’initiatives que nous proposons d’appeler les « places de l’humanité » de l’humanité.

Face à cette montée de formes de barbaries inhumaines c'est en effet la place de l'humanité qui disparaît comme est en train de disparaître sa propre Terre habitable sous l'effet de son irresponsabilité écologique. Il nous faut faire de l'Humanité un sujet positif de sa propre histoire, elle qui en est devenue un sujet négatif avec sa capacité d'auto destruction physique, morale et spirituelle signifiée par le risque d'apocalypse nucléaire et celui de nouveaux Auschwitz. En organisant sous de multiples formes (rassemblements physiques ou à distance, marches, danses, repas conviviaux, débats de qualité …) ces “ places de l'humanité” nous œuvrons ainsi pour donner à l’Espoir et au Desir d'humanité et de Vie toute sa place autour d'un slogan à décliner sous toutes les formes à imaginer collectivement :

Non à la barbarie, oui à la Vie, Oui à l'Humanité !

Autre proposition de slogan : Face à la prolifération des barbaries, multiplions les dialogues en humanité pour renouer avec l’espoir !

Quelques suggestions d’amendements seront évoqués au cours de la réunion

11/10/2023 - Patrick Viveret

Chère Anne Marie ,chers amis des Dialogues , je relaie ici un projet d’initiative né en France mais à débattre partout car la question de la montée des barbaries est mondiale :

Ce matin dans une réunion de l ’archipel des jours heureux (qui fait partie de l ’archipel des confluences) nous avons évoqué la nécessité de contribuer à faire sortir du silence et de l ’impuissance toutes les personnes, tous les groupes et organisations, qui voient progresser la barbarie sous toutes ses formes partout dans le monde et souhaitent se lever pour organiser au contraire une grande alliance des forces de Vie. Un petit texte martyr a été rédigé en ce sens autour d’une idée à débattre provisoirement dénommée « les carrefours (ou les ronds point)s de l ’espoir ». L ’idée est de prendre des contacts partout où nous le pouvons avec des personnes et des réseaux pour leur demander leur avis sur cette approche et savoir si des initiatives sont en train de se préparer dans le même esprit (et si c’est le cas nous y joindre alors car nos capacités propres sont faibles).

Voici ce texte ci dessous: Face à la montée de la barbarie en Ukraine, en Arménie , récemment en Israel, et malheureusement peut être demain à Gaza il nous semble urgent de rétablir de la dignité, de sortir de l ’impuissance, de surmonter nos divisions et de faire que toutes les forces qui n’acceptent pas que s’installent des logiques de mort et de terreur un peu partout dans le monde se rassemblent, manifestent ensemble et se parlent (y compris de leurs divergences) dans ce que nous proposons de nommer “les carrefours de l ’espoir”.
Non à la Barbarie oui à la Vie !

L ’idée est de proposer à tous nos contacts cette idée et ce texte quitte à les transformer si d’autres idées et d’autres textes paraissent mieux adaptés

En écho à des critiques estimant que l ’initiative proposée n’est pas « politique“ j’ai fait cette réponse :

Rien n'est plus politique que la manière dont les collectifs humains construisent une alternative aux régressions inhumaines. Et ces régressions traversent tous les camps geopolitiques constitués. Il nous faut pouvoir dire tout à la fois : Vive le mouvement des femmes israéliennes et palestiniennes pour la paix premieres endeuillées de l 'attaque terroriste du Hamas ! Vive le mouvement des femmes iraniennes en lutte pour leurs droits contre les mollahs . Vive les mouvements de résistance aux régimes autoritaires ! Vivent les mouvements de lutte contre les inégalités sociales générées par le capitalisme; les mouvements de Résistance à la guerre contre la Vie que génère le productivisme, les mouvements qui combattent le racisme, les agressions sexuelles, les discriminations de toutes natures. ce n'est pas un point de vue idéaliste ou bisounours. C'est le seul réalisme possible si l 'on veut empêcher de nous retrouver en guerre permanente sur une planète devenant inhabitable…

Amitiés à toutes et tous

Patrick