Les textes inspirants des membres du réseau :
Réussir la métamorphose, par Patrick Viveret
La bataille de la transition serait-t-elle perdue, faute d'avoir été menée par les acteurs économiques et politiques du système dominant ?
Si les principaux responsables économiques et politiques avaient pris au sérieux les avertissements - dont ils avaient connaissance dès les années 80 - et s'ils avaient entamé la réorientation profonde de nos modes de production, de distribution et de répartition des richesses : ce que l’on appelle aujourd'hui «la Transition écologique solidaire» serait déjà réussie.
Mais ils se sont contentés de greenwashing et de petits gestes….
Ils ont refusé de s’attaquer aux inégalités sociales générées par ce qu’on nomme «l’hypercapitalisme». Dès lors, la contradiction entre mesures écologiques et acquis sociaux s’est manifestée avec force : le phénomène «gilets jaunes» en a été le révélateur.
Le résultat de cette irresponsabilité - qui mériterait une sanction juridique - est déjà sous nos yeux alors que nous n’avons pourtant pas - encore - atteint un réchauffement moyen de 1,5° et que nous sommes confrontés aux mégafeux, inondations, aggravation de phénomènes climatiques extrêmes, montée du niveau des eaux de la mer et des océans, sécheresses, risques d’une guerre de l’eau potable devenant un bien rare et, bien sûr, la progression considérable du nombre de réfugiés climatiques qui peut être à la source de guerres civiles et/ou internationales.
Pour autant, doit-on désespérer et basculer dans l’«àquoi-bonisme» ou borner nos objectifs à une simple « adaptation » au changement climatique ? Ce serait une autre erreur tragique. Car cette adaptation - ou cette capacité de résilience, terme plus sophistiqué, désormais à la mode - ne peut réussir sans assumer l’exigence d’une mutation qui relève d’une toute autre échelle.
La croyance qu'une combinaison de mesures d'austérité écologique additionnée aux adaptations technologiques sera suffisante est un leurre.
Elle se révélera tout aussi insuffisante que l’ont été les approches en terme de «développement durable» ou de «transition».
Il nous faut donc être plus radical dans la perspective toutcomme dans le diagnostic et raisonner dorénavant en termes de «métamorphose» comme le suggère Edgar Morin.
Or, si l’on prend l’une des métamorphoses les plus connues et les plus spectaculaires, celle de la chenille en papillon[1], il nous faut reconnaître une réelle difficulté : du point de vue de la chenille, le papillon - dont la vie est courte - révèle donc un sentiment de fin du monde. La fin de son monde.
Nous sommes en plein dans ce temps qu’il ne sert à rien de nier. Il nous faut, au contraire, nommer et comprendre cette phase critique si nous voulons prendre les moyens de la surmonter. Car la posture de la chenille peut apparaître sous de multiples formes : politiques, économiques, religieuses, émotionnelles, sexuelles etc. Son attitude, comme la nôtre, est d’adopter une posture nostalgique, voire réactionnaire au sens étymologique du terme : refuser une évolution jugée dangereuse au nom d’un passé jugé souhaitable.
L’intérêt de l’approche, en termes de métamorphose plutôt que de transition, c’est qu’elle nous permet de comprendre et de nommer les temps régressifs dans lesquels nous sommes entrés sans pour autant céder aux perspectives déprimantes de l’effondrisme ou de «l’àquoi-bonisme» .
Elle permet d’intégrer le réalisme - sur la situation des temps sombres dans lesquels nous sommes entrés - tout en orientant l’action civique vers un imaginaire positif que l’on peut résumer par l’expression suivante : une humanité plus humaine peut réussir à affronter ces défis colossaux, comme le propose en particulier Catherine Dolto ! Ce qui est vrai de nos vies personnelles comme du destin collectif de notre famille humaine. Dans le cadre des Dialogues, nous retrouvons deux questions vitales pour l’humanité puisqu'elle se trouvedoublement menacée par sa capacité prédatrice sur le vivant et ses conséquences écologiques mais également par sa capacité d’autodestruction exprimé par la guerre en particulier quand elle prend des formes internationales et lors de l'utilisation des armes de destruction massives.
Face à ce risque majeur, la question est donc de faire - réellement - advenir des formes alternatives aux logiques économiques prédatrices (cf en particulier l’économie régénératrice proposée par Isabelle Delannoy), de transformer les violences et les guerres en conflits voire de les transformer en divergences fécondes dans le cadre d’une mutation qualitative de nos démocraties (cf les propositions de l’université des conflits évoquées par l’université animée par Pierre Vuarin) ou de mettre en oeuvre des formes de radicalité créatrices telles celles proposées par Hugues et Bastien Sibille dans leur livre de dialogue intergénérationnel ainsi que celui de Patrick Viveret dans « la Colère et la Joie » (éditions Utopia).
Patrick Viveret philosophe, essayiste, conseiller honoraire à la Cour des comptes, co fondateur des Dialogues
Initié par Edgar Morin et Patrick Viveret le 1er janvier 2024
Appel à la paix : faisons de ce mois de janvier un temps de prise conscience pour une Résistance créatrice de l’humanité pour la Paix, la Justice, la Liberté
Après les massacres du Hamas en Israel, la vengeance et la punition collective engagée par Netanyhaou et son gouvernement d’extrême droite, conduit aujourd’hui au massacre massif de palestiniens (femmes,enfants,civils) dans la bande de Gaza comme en Cisjordanie. Et,pendant ce temps des otages israéliens sont morts ou restent emprisonnés malgré l’échange, après une trève, d’otages contre des prisonniers palestiniens.
Il n’y a pourtant aucune solution militaire envisageable après 75 ans de violences. Seule une solution politique humaine,viable et pérenne assurera la sécurité des deux peuples dans une coexistence pacifique.
Les atrocités de la guerre ne font que renforcer la rage et la violence des deux côtés. C’est le cas pour Israel et Gaza, pour l’ Ukraine, pour le Soudan, pour tous les peuples opprimés ou en butte à des pouvoirs autoritaires et partout où les droits humains élémentaires sont bafoués. il nous faut refuser cet engrenage de régressions inhumaines, appuyer l’action du secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, et donner toute sa “place à l’humanité » pour reprendre le thème du même nom initié par les Dialogues en humanité.
En ce temps de vœux faisons de ce passage d’année un temps de deuil pour les régressions inhumaines qui signent des défaites de l’humanité et témoignons au contraire d’une résistance créatrice et d’une espérance dans l’alliance des forces de vie, de justice et de liberté.
Version anglaise :
After the Hamas massacres in Israel, the revenge and collective punishment initiated by Netanyahu and his far-right wing government is now leading to massive massacres of Palestinians (women, children, civilians) in both the Gaza Strip and the West Bank. Meanwhile, Israeli hostages have died or remain in captivity, despite the exchange of hostages for Palestinian prisoners after a cease-fire. But there is no military solution after 75 years of violence. Only a humane, viable and lasting political solution will ensure the security of both peoples in peaceful coexistence.
The atrocities of war only increase the anger and violence on both sides. This is the case for Israel and Gaza, for Ukraine, for Sudan, for all oppressed peoples or those struggling against authoritarian powers, and wherever basic human rights are trampled underfoot.
We must reject this downward spiral of inhumanity, support the action of UN Secretary General Antonio Guterres, and give “humanity” its rightful place, to take up the theme of the same name initiated by “Dialogues en humanité”.
In this time of greetings, let's make the passage of the year a time of mourning for the inhuman regressions that signal the defeat of humanity and instead bear witness to creative resistance and hope in the alliance of life, justice and freedom.
06/12/2023 - Patrick Viveret - “point de vue de l'humanité”
Face aux défaitismes, promouvoir une humanité plus humaine
Nous sommes aujourd’hui en présence d’un véritable défaitisme par rapport aux deux dangers majeurs que court l’humanité, le danger écologique de se retrouver avec une terre de plus en plus inhabitable et le danger éthique, politique, spirituel, d’une humanité qui se détruit elle-même par sa propre violence.
C’est la conjonction de ces deux risques que nous avions nommé, lors du 70e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme, la question du double dérèglement climatique, le dérèglement physique du réchauffement et le dérèglement émotionnel de la glaciation avec la montée des haines et des guerres.
Aujourd’hui ce défaitisme peut prendre plusieurs aspects. Au delà des sentiments d’anxiété et d’impuissance, sa forme dominante que l’on retrouve en particulier dans les courants conservateurs est un défaitisme réactionnaire. Puisque l’avenir est bouché cap sur le Passé ! Défaitisme associé à la fascination pour les logiques autoritaires assez comparable, d’ailleurs, sur bien des points, à ce que l’on avait vu, lors des années 1933 à 1939 face à la montée des régimes fascistes. Plus minoritaire il existe aussi un second défaitisme que l’on retrouve dans une partie de courants de gauche radicaux, un défaitisme révolutionnaire qui part de l’hypothèse que du pire (par exemple l’emballement du dérèglement climatique et/ou l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite ) pourra naître le meilleur du changement radical.
Comment l’écologie se situe-t-elle par rapport à ces deux défaitismes ? elle apparaît à la fois sur la modalité révolutionnaire et réactionnaire. La première considère que la violence est une forme de réponse révolutionnaire à l’impasse écologique. Mais l’écologie est aussi instrumentée par un défaitisme réactionnaire (que l’on ne trouve pas dans l’écologie politique transformatrice mais qui est très présente par exemple dans l’écologie de droite ou dans l’écofascisme) qui accorde à la Terre, à la Nature ou au Vivant (avec des majuscules), une projection comparable à celle des du Dieu vengeur que les traditions fondamentalistes religieuses, développent par exemple face à l’homosexualité ou l’avortement jugées contraires à la Nature et à la Vie,
La tâche essentielle du moment est donc d’opposer à ce défaitisme qui traverse tous les courants politiques et idéologiques (donc y compris spirituels et religieux) une vision Transformatrice positive de l’avenir qui inclut la luciditésur le pire de l’inhumanité mais montre pour l’humanité la possibilité de mobiliser ses forces de vie pour une « Traversée »* vers une humanité plus intelligente et plus solidaire. C’est un enjeu qui articule non seulement le local et le global mais aussi l’intime au planétaire. Il consiste à chercher à construire dans tous les domaines ce que pourrait être « un point de vue de l’humanité » à partir de ce qui nous est commun et qu’évoque le second manifeste convivialiste : commune naturalité, commune humanité, commune socialité. Si l’on prend cette approche on voit bien, par exemple dans les conflits en cours, les conséquences de l’absence de ce point de vue.
Prenons quelques exemples :
Les guerres en cours qu’il s’agisse des guerres entre nations telles celles qui déchirent Israéliens et palestiniens, ukrainiens et russes mais aussi des guerres civiles comme celles que l’on voit au Soudan sont, du point de vue de l’humanité, des défaites. L’Europe a payé le prix lourd pour apprendre que ses guerres intestines, au delà du vainqueur d’un moment (espagnol, portugais, français, néerlandais, anglais, allemand, russe etc;), ont été pour elle même des défaites. Et elle n’a pu commencer à renaître (au moins provisoirement) qu’en tournant le dos à la guerre et en s’engageant sur la voie de la réconciliation et du pluralisme assumé comme condition du vivre ensemble. Si l’on adopte le point de vue d’une humanité menacée, par sa guerre au Vivant et à elle même, de rendre sa planète inhabitable, on voit bien que l’organisation du « peuple de la terre » sur sa planète ne peut être stable sur la base de victoires de tel ou tel acteur, que ces victoires soient militaires ou idéologiques. Un empire mondial dominé par la Chine ou les États Unis , les deux puissances éventuellement candidates à ce rôle, générera forcément des guerres générées par l’oppression du vainqueur momentané. Seule une approche combinant, comme le propose le poète et philosophe antillais Edouard Glisssant, identités racines, identités-relations et commun à co-construire, est de nature à imaginer ce que pourrait être une « république terrienne » s’inspirant des principes que nous avions proposé de nommer, lors d’un forum social mondial virtuel ,« un archipel citoyen planétaire ».
On peut dire la même chose des conflits post coloniaux, raciaux, religieux, de genre, de civilisation etc. Toute victoire de l’un des protagonistes sur les autres constitue une défaite de l’humanité : imaginons celle de l’Islam, du Judaïsme, de l’Hindouisme, du Chamanisme, du Christianisme, de l’Athéisme - et on pourrait allonger la liste - sur les autres visions, religieuses, spirituelles, idéologiques présentes dans l’humanité. Elle se solderait immédiatement par la révolte des vaincus provisoires. Le cycle infernal des bourreaux et des victimes interchangeant leur rôle dès qu’ils deviennent dominants se mettrait en place et ce serait vrai de tout suprématisme qu’il soit racial, sexuel, religieux, politique, économique etc. même si sa revendication se fonde sur le fait d’avoir été antérieurement maltraité.
Levons cependant deux malentendus par rapport à cette approche. Le premier serait de croire que ce point de vue de l’humanité reviendrait à nier celui d’autres sujets historiques tels les peuples, les nations, les états, les religions, les entreprises etc. Il n’en n’est rien. Tous ces points de vue sont nécessaires mais ils ne peuvent vivre dans la non violence, y compris conflictuelle, que s’ils acceptent de ne pas absolutiser leur approche jusqu’à devenir totalitaire. Et le principe de commune humanité que l’on retrouve dans le convivialisme n’abolit pas lui même les autres points de vue tel celui de commune naturalité ou de commune socialité, voire de « légitime individuation ». Il ne les abolit pas et les appelle même à entrer en dialogue avec les autres points de vue afin de co-construire ce commun qui ne doit être sous l’hégémonie d’aucun des acteurs selon Edouard Glisssant;
Le second malentendu pourrait venir du fait que la gravité du diagnostic sur la possibilité d’une humanité qui se défait et régresse vers l’inhumanité pourrait être source de désespérance et dès lors d’impuissance. C’est le contraire que propose cette approche. Si nous raisonnons par exemple en termes de métamorphose plus que de Transition, la traversée du chaos est intégrée mais dans un sens créateur face à un chaos destructeur tout comme la compréhension des rétractations propres au « temps des chenilles ». Ainsi nous n’avons pas besoin que les choses aillent bien (ou mieux que nous le pensons) pour travailler à la perpective d’une humanité plus humaine. Même au coeur du tragique grandir en humanité reste non seulement possible mais nécessaire.
* le livre chantier sur une approche en termes de métamorphose que nous avons écrit avec Julie Chabaud porte justement ce titre
«Ce qu’on apprend au milieu des fléaux, (c'est) qu’il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser. »
Albert Camus, La peste.
15/10/2023 - Patrick Viveret
Note sur le rôle des Dialogues en humanité.
Les Dialogues en humanite sont nés il y a vingt ans dans le contexte des ” Dialogues pour la Terre“ initiés par M Gorbatchev et la préparation du second sommet de la Terre de Johannesburg en posant comme hypothèse que la guerre que l'humanité faisait à la Nature était une conséquence de la guerre qu'elle se faisait à elle même. Il s'agissait donc, au delà du rapport à la Terre, de poser ce que nous avons appelé “la question humaine”. Il ne suffisait pas, disions nous a l'origine de ce que nous avons appelé des “Dialogues en humanité”, de placer l'humain au centre puisqu'il existe aussi un pire de l'humanité tout autant qu'un meilleur possible. Les deux pfh (le putain de facteur humain et le précieux) expriment de manière humoristique et simplifiée ce principe. De même le fait d'avoir été victime (de domination, de colonisation, d'exploitation, voire de d'esclavage ou d'extermination) ne garantit pas de ne pas devenir bourreau et n'ouvre pas de droits d'exercer à son tour de nouvelles formes de domination.
Pour ces raisons le réseau international des DIalogues en humanité a toujours été proche de tous les mouvements qui œuvrent pour une humanité plus humaine (très humaine et non “transhumaine ” ou post-humaine) face à toutes les formes de domination et d'exploitation inhumaines du local au global et de l'intime au planétaire : proposition de l'axe TPTS (transformation personnelle et transformation sociale) lors des forums sociaux mondiaux, soutien à l'altermondialisme, à un humanisme revisité par le convivialisme, à l'écologie démocratique, au féminisme et à toutes formes d'émancipation mais en étant vigilants à l'égard des nouvelles formes de domination et de violence générées par la recherche de revanche, voire de vengeance.
Afin de tirer l'humanité vers sa face la plus positive tout en étant lucide sur sa face la plus négative, les Dialogues en humanité privilégient le dialogue que ce soit avec autrui, avec la Nature ou avec soi même. Cela a conduit le réseau à privilégier des formes tels que les échanges sous les arbres, les ateliers du sensible, les constructions de désaccords, la capacité à transformer des violences et des guerres en conflits non meurtriers. (Ce qui conduit à sortir de la posture des ennemis que l'on cherche à exterminer pour faire d'avenir celle d'adversaires dont on combat les rôles sociaux mais que que l'on respecte comme êtres humains).
Les Dialogues en humanité œuvrent avec ambition, humour et humilité à ce que nous appelons des projets “megalodestes” tels l'émergence d'un “archipel citoyen planétaire“* pouvant prendre la forme d'une “Republique terrienne” dans laquelle une humanité plus humaine organiserait le “buen vivir” de ses membres et son rapport aux autres êtres vivants sur sa magnifique planète préservée.
Les Dialogues en humanité, aussi modestes soient ils, et nés à Lyon au début du 21 elle siècle, contribuent ainsi à constituer un réseau mondial ouvert à tous les sexes, races , croyances, nations, langues et qui œuvrent pour la préservation d'une Terre habitable (enjeux écologiques) et d'une humanite plus humaine (enjeux societaux ). À ce titre nous accordons une attention particulière aux personnes, aux cultures et aux pays dominés dans le monde entier mais sans prétendre absolutiser leurs causes et en faire les vecteurs de nouvelles formes de domination.
Les Dialogues en humanite se veut des lors un réseau de tissage, de service et d'exploration des formes les meilleures du bien vivre sociétal et personnel et cherche à mettre en lien toute initiative, mouvement, organisation, institution œuvrant dans le sens les valeurs précitées et mettant en œuvre effective, comme des droits opposables, les principes de la Déclaration universelle des Droits humains.
Dans une situation marquée par les conséquences dévastatrices de l'irresponsabilité écologique et des postures de haine et de violences, les Dialogues en humanite sont particulièrement sensibles aux risques de régression des collectifs humains vers des formes brutales voire barbares. Les formes brutales (que l'on peut regrouper sous le terme de “brutalisme” ) concernent aussi bien le rapport à la Nature et au Vivant (effet du productivisme), la chosification de la nature et des humains eux mêmes par la déification de l'argent et le creusement des inégalités (hypercapitalisme), la justification des formes de domination et de violence pour des raisons sexuelles, raciales, religieuses, politiques tels les totalitarismes, les régimes autoritaires, les théocraties, les impérialismes, les colonialismes, les suprematismes, ou toute autre forme justifiant l'extermination, l'oppression, l'exploitation, la domination d'autrui. *Archipel au sens du poète antillais Édouard Glissant
tel que proposeé par l'écrivain camerounais Achille Membe et repris et développé par Julie Chabaud et Patrick Viveret dans leur livre ” la Traversée”)
Dans les circonstances dramatiques actuelles les DH œuvreront en particulier à tisser des liens pour mettre en œuvre le projet “oui à la Vie et à l'humanité, non à la barbarie!” à travers le projet des “places d'humanité” résumé dans le texte ci dessous .
Texte du projet "pour des places de l'humanité"
Depuis si longtemps la « communauté internationale » a détourné les yeux de l’escalade de la violence en Palestine et dans tant d’autres pays du monde. Face au terrorisme barbare du Hamas contre des civils israéliens et face aux autres barbaries dans le monde, il nous semble urgent d’affirmer ensemble notre désir d’humanité. De même nous refusons la punition collective des gazaouis, le blocus de Gaza et peut être demain le massacre de civils palestiniens. Face à la montée de la barbarie en Ukraine, en Iran, contre les ouighours et les kurdes, contre la négation du peuple arménien et tant de peuples opprimés dans le monde, il nous semble urgent de dépasser nos affiliations politiques, religieuses, culturelles, et de créer un espace de partage et d’initiatives que nous proposons d’appeler les « places de l’humanité » de l’humanité.
Face à cette montée de formes de barbaries inhumaines c'est en effet la place de l'humanité qui disparaît comme est en train de disparaître sa propre Terre habitable sous l'effet de son irresponsabilité écologique. Il nous faut faire de l'Humanité un sujet positif de sa propre histoire, elle qui en est devenue un sujet négatif avec sa capacité d'auto destruction physique, morale et spirituelle signifiée par le risque d'apocalypse nucléaire et celui de nouveaux Auschwitz. En organisant sous de multiples formes (rassemblements physiques ou à distance, marches, danses, repas conviviaux, débats de qualité …) ces ” places de l'humanité“ nous œuvrons ainsi pour donner à l’Espoir et au Desir d'humanité et de Vie toute sa place autour d'un slogan à décliner sous toutes les formes à imaginer collectivement :
Non à la barbarie, oui à la Vie, Oui à l'Humanité !
Autre proposition de slogan : Face à la prolifération des barbaries, multiplions les dialogues en humanité pour renouer avec l’espoir !
Quelques suggestions d’amendements seront évoqués au cours de la réunion
11/10/2023 - Patrick Viveret
Chère Anne Marie ,chers amis des Dialogues , je relaie ici un projet d’initiative né en France mais à débattre partout car la question de la montée des barbaries est mondiale :
Ce matin dans une réunion de l ’archipel des jours heureux (qui fait partie de l ’archipel des confluences) nous avons évoqué la nécessité de contribuer à faire sortir du silence et de l ’impuissance toutes les personnes, tous les groupes et organisations, qui voient progresser la barbarie sous toutes ses formes partout dans le monde et souhaitent se lever pour organiser au contraire une grande alliance des forces de Vie. Un petit texte martyr a été rédigé en ce sens autour d’une idée à débattre provisoirement dénommée « les carrefours (ou les ronds point)s de l ’espoir ». L ’idée est de prendre des contacts partout où nous le pouvons avec des personnes et des réseaux pour leur demander leur avis sur cette approche et savoir si des initiatives sont en train de se préparer dans le même esprit (et si c’est le cas nous y joindre alors car nos capacités propres sont faibles).
Voici ce texte ci dessous: Face à la montée de la barbarie en Ukraine, en Arménie , récemment en Israel, et malheureusement peut être demain à Gaza il nous semble urgent de rétablir de la dignité, de sortir de l ’impuissance, de surmonter nos divisions et de faire que toutes les forces qui n’acceptent pas que s’installent des logiques de mort et de terreur un peu partout dans le monde se rassemblent, manifestent ensemble et se parlent (y compris de leurs divergences) dans ce que nous proposons de nommer “les carrefours de l ’espoir”.
Non à la Barbarie oui à la Vie !
L ’idée est de proposer à tous nos contacts cette idée et ce texte quitte à les transformer si d’autres idées et d’autres textes paraissent mieux adaptés
En écho à des critiques estimant que l ’initiative proposée n’est pas « politique” j’ai fait cette réponse :
Rien n'est plus politique que la manière dont les collectifs humains construisent une alternative aux régressions inhumaines. Et ces régressions traversent tous les camps geopolitiques constitués. Il nous faut pouvoir dire tout à la fois : Vive le mouvement des femmes israéliennes et palestiniennes pour la paix premieres endeuillées de l 'attaque terroriste du Hamas ! Vive le mouvement des femmes iraniennes en lutte pour leurs droits contre les mollahs . Vive les mouvements de résistance aux régimes autoritaires ! Vivent les mouvements de lutte contre les inégalités sociales générées par le capitalisme; les mouvements de Résistance à la guerre contre la Vie que génère le productivisme, les mouvements qui combattent le racisme, les agressions sexuelles, les discriminations de toutes natures. ce n'est pas un point de vue idéaliste ou bisounours. C'est le seul réalisme possible si l 'on veut empêcher de nous retrouver en guerre permanente sur une planète devenant inhabitable…
Amitiés à toutes et tous
Patrick